• mon très cher arno

    mon très cher arno

    Mon très cher Arno,

     

    Je peine à appréhender tous les changements des trois dernières années; jusqu'où nos parcours nous ont mené. J'ai parfois crains que nos chemins ne s'éloignent à jamais, ou au contraire nous opposent, comme les amants maudits d'une pièce de théâtre à trois sous. Nous ne sommes certes plus les inséparables effrontés de jadis, mais nous ne serons jamais des étrangers l'un pour l'autre.

     

    Que deviendrons-nous, quand tout ceci sera fini ? Quand Germain gisera à nos pieds, mon père aura enfin trouvé le repos. Mentor des Assassins, et Grand-Maître des Templiers ? Serrasse la continuité des anciennes traditions, ou l'avènement d'une ère nouvelle ? Façonnerons-nous l'avenir du monde, ou nous retirerons-nous à la campagne pour élever des chèvres ? Je t'imagine en pâtre : je suis sûre qu'aucune chèvre ne t'échapperait...

     

    J'ignore ce que nous apportera l'avenir, ni même les mois et les années à venir. Tout ce que je sais, c'est que nous resterons Arno et Élise. J'en suis heureuse.

     

    Demain sera le grand jour : l'aboutissement de cinq longues années, le jour de notre vengeance. Pourquoi ne parviens-je à faire taire la part de moi qui craint de te voir fléchir au moment décisif ? Redoutais-je que tu aies moins aimé mon père que moi ? Ou doutais-je de ta résolution à apporter le coup fatal ? Ni l'un ni l'autre, semble-t-il. Je crains plutôt qu'après avoir tant perdu, tu ne puisses supporter l'idée de perdre davantage. Je crois que tu laisserais Germain régner sur la France, si tu pensais que cela pouvait me sauver. Ais-je jamais eu besoin d'être sauvée ? T'ai-je jamais laissé penser que j'accepterais d'être redevable envers un sauveur ? Mon sort n'appartient qu'à moi, et je suis seule maître de mes choix.

     

    Si nous revenons sauf tous les deux, je brûlerais cette lettre. Si tu la lis en cet instant, c'est que j'aurais fait mon choix au Temple. Sache que je l'aurais fait sans remords, et n'en assume pas le fardeau.

     

    Sois en paix mon amour, et suis le chemin que tu te seras choisi.

     

    Avec tout mon amour,

     

    Élise